Interventions du 09 octobre 2025 - fête de la science

  

 Fete_de_la_science_IUF_2025_2.png 

 

🎞️ Retrouvez la captation vidéo de cette séance sur ce lien :

https://www.youtube.com/watch?v=JvnHJwGm3c8

 

 


Jean François ARNAL

(I2MC, Université de Toulouse, CHU de Toulouse)

Bases biologiques des différences entre les sexes : focus sur l’effet des hormones sexuelle sur le cerveau.



Jean François ARNAL est Professeur de Physiologie Médicale à la Faculté de Santé / Médecine à l'Université de Toulouse, et chercheur à l'I2MC (Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires- Equipe 4)- Membre senior de l’Institut Universitaire de France (2015-2020). Membre de l’Académie Royale de Médecine de Belgique. Les travaux de l’équipe 4 portent depuis 30 ans sur la compréhension des effets physiologiques des hormones sexuelles et sur l’élucidation de leurs mécanismes d’action à l’échelle moléculaire, en combinant des approches génétiques et des approches pharmacologiques. L’ambition à terme est de contribuer à l’optimisation de la modulation du récepteur des estrogènes en médecine, en particulier dans le cadre de la prise en charge de la ménopause.

Les différences biologiques entre les sexes ont longtemps été négligées dans la recherche médicale et les pratiques cliniques. Le sexe biologique est déterminé : 1) par les chromosomes sexuels (XX chez la femme, XY chez l’homme) ; 2) par les hormones d’origine gonadiques, aussi dites « sexuelles », masculines (androgènes) et féminines (estrogènes) : elles déterminent par exemple à la puberté les caractères sexuels secondaires (effets « activationnels »); 3) Moins connue, la sécrétion périnatale d’androgènes par les testicules est à l’origine d’une « masculinisation » du cerveau (effets dits organisationnels) chez les mammifères influençant durablement, sur le long terme, le rapport aux autres (intelligence?) via comportements sociaux, sexuels et agressifs. Ces effets sont bien documentés chez les rongeurs et les primates, et en partie extrapolés à l’humain, bien que les comportements humains soient aussi fortement influencés par les facteurs sociaux et culturels.

L’effet combiné de ces différences génétiques et hormonales (effets organisationnels et activationnels) influence toute la physiologie, mais aussi la physiopathologie et donc la survenue d’un grand nombre de maladies. Avec l’âge, la production d’estrogènes chute (systématiquement, ménopause ; ou de manière plus discrète, andropause) et un traitement hormonal après évaluation du rapport bénéfice /risque peut être alors proposé. Au total, la prise en compte des différences liées au sexe, jusqu’à sa dimension sociétale et culturelle (genre), est désormais au cœur de la médecine de précision.

 

 

 

Sylvain Cussat-Blanc

(UT Capitole/IRIT-CNRS/IUF)

Quand les algorithmes évoluent pour explorer le vivant

 Retrouvez ici la présentation de Sylvain Cussat-Blanc

Sylvain Cussat-Blanc est professeur en Intelligence Artificielle à l’Université Toulouse Capitole, chercheur à l’IRIT - CNRS et membre junior de l’Institut Universitaire de France. Ses recherches se concentrent sur l’inspiration des mécanismes du vivant, en particulier la cellule et l’évolution, pour construire des algorithmes « intelligents ». Il travaille en particulier sur la programmation génétique dont l’objectif est de générer par évolution artificielle des programmes permettant de résoudre un problème donné. L’intérêt est de produire des modèles intrinsèquement interprétables et ainsi de donner des clés de compréhension aux experts métiers du domaine applicatif.  Il applique ces techniques à la biologie et la santé, en particulier pour l’analyse d’images biomédicales.

 

Dans les laboratoires de biologie, les images microscopiques se multiplient à une vitesse vertigineuse. Ces images recèlent d’innombrables informations sur le fonctionnement des cellules, la progression des maladies, ou encore l’effet de nouveaux traitements. Mais comment extraire automatiquement ces informations sans perdre ce qui fait la richesse du regard scientifique ?

Alors que les réseaux de neurones dominent aujourd’hui l’intelligence artificielle, ils restent souvent opaques, difficiles à interpréter, et exigeants en données. Dans cette conférence, je présenterai une autre voie, inspirée par les principes Darwinien de l’évolution : la programmation génétique. Grâce à cette approche, nous avons développé un système capable de "faire évoluer" des algorithmes sur mesure pour analyser des images biomédicales, tout en restant lisibles et compréhensibles par les chercheurs.

Cette approche illustre une démarche d’intelligence artificielle de confiance, au service des sciences du vivant : explicable, robuste, frugale en données, et conçue pour produire des résultats vérifiables et interprétables. Une exigence d’autant plus cruciale que ces outils sont appelés à intervenir dans des applications critiques, où chaque décision algorithmique peut avoir des implications médicales ou scientifiques majeures.

 

 

Béatrice Milard

(LISST-CERS, Université Toulouse – Jean Jaurès )

Réseaux de citations et destinées des articles scientifiques

Retrouvez ici la présentation de Béatrice MILARD 


Béatrice Milard est sociologue, professeure à l’Université Toulouse – Jean Jaurès et membre du laboratoire LISST-CERS (UMR 5193). Ses travaux s’inscrivent à l’interface de la sociologie des sciences et de l’analyse des réseaux sociaux. Elle interroge, entre autres, les formes contemporaines de l’activité scientifique en prêtant une attention spéciale aux sociabilités des chercheurs et chercheuses, leurs productions scientifiques, leurs citations et leurs carrières. Sa problématique générale renvoie aux conditions d’exercice de l’activité scientifique qu’elle appréhende comme étant façonnée par son contexte relationnel, ses conditions matérielles, institutionnelles et intellectuelles. Elle a pour objectif de comprendre sur quoi reposent l’émergence et la propagation de résultats de recherche, les configurations relationnelles qui sous-tendent ces dynamiques et ce qu’elles laissent entendre en termes de rapports sociaux.

 

Chaque année, des millions d’articles scientifiques sont publiés. Mais que deviennent-ils ensuite ? Sont-ils lus, discutés ou bien oubliés ? Ont-ils une « vie » après leur publication ? Cette présentation propose d’entrer dans les coulisses de la science en suivant la trace de certains articles à travers les réseaux de co-citation — c’est-à-dire les réseaux qui se forment quand d’autres chercheurs les citent ensemble dans leurs propres travaux. À partir de l’étude empirique de plusieurs dizaines d’articles, sont identifiées des « destinées » d’articles liées à ces « intelligences collectives » qui les relaient. Certains deviennent des références incontournables, quand d’autres s’éteignent doucement ; certains circulent dans plusieurs domaines, tandis que d’autres restent isolés, presque invisibles. Ce sera aussi l’occasion de discuter de la manière dont émergent les nouvelles idées en science ; pour quelles raisons certaines parviennent à s’imposer… et d’autres non.

 

 

Chargement... Chargement...